L’impact du confinement sur la biodiversité
Il est maintenant établi que l’expansion des centres urbains et semi-urbains partout sur la terre et la destruction des forêts primaires pour la création de monocultures industrielles sont les deux principaux motifs de la disparition des habitats de milliers d’espèces animales qui n’ont d’autres choix que de s’adapter pour ne pas disparaître. Mais que se passe-t-il si les activités humaines s’arrêtent du jour au lendemain, que les nuages toxiques disparaissent et que les bulldozers, les avions et les porte-conteneurs géants s’arrêtent de polluer ?

Après un peu plus de trois semaines de confinement, on constate à travers le monde que les animaux se rapprochent des villes et des villages mais aussi des côtes pour les cétacés et certains mammifères marins. Qu’est-ce qui motive ce comportement en cette période où les restaurants, les pizzerias ainsi que tous les lieux qui génèrent des tonnes de déchets et donc autant de nourriture potentielle sont fermés ? Les coyotes de Chicago, les castors de Vancouver, les renards d’Ajaccio et les sangliers du Murdjadjo à Oran ont faim cela se comprend mais les rorquals qui s’ébattent joyeusement dans les eaux bleues des Calanques marseillaises ne sont certainement pas attirés par quelques festins côtiers, ils se réapproprient des territoires autrefois partie intégrante de leur espace vital. Ils ont compris que la pression anthropique a fortement diminué pour ne pas dire carrément disparue en certains endroits du globe, ils ont compris que leur principal prédateur étant absent, ils pouvaient revenir sans crainte, du moins pour l’instant.
Autant le dire tout de suite, je serais infiniment heureux s’ils pouvaient rester auprès de nous pour toujours mais cela reste un vœu pieux car il faut bien admettre que la « civilisation » reprendra ses droits aussitôt le Covid-19 éradiqué.
Nous aurions appris, bien que nous le pressentions fortement, que la biodiversité vivante -toute la biodiversité: animale, végétale, microbienne- a une capacité de résilience telle qu’il suffira de quelques semaines pour qu’elle reprenne ses droits, tous ses droits. J’entends que l’on m’objecte que l’homme fait partie de cette biodiversité et qu’il a le droit à une place sur cette terre. Oui, mais voilà, l’homme est le seul à surestimer la capacité biotique de la planète (c’est-à-dire la capacité de la terre à accueillir un certain nombre d’individus de chaque espèce vivante et pas plus…). L’homme prend un peu trop ses aises, pour le dire simplement, au détriment des autres espèces vivantes, des forêts, des océans et du climat. Malheureusement pour lui certains êtres vivants microscopiques ne l’entendent pas de cette oreille et le lui rappellent douloureusement de temps en temps au cours de l’histoire.
La maladie de Lyme, une forme de malaria, ne cesse de s’étendre aux USA, au Canada et en Europe, pourquoi ? Et bien parce que les grands mammifères sauvages des forêts, autrefois hôtes des tiques Ixodia, vecteurs de l’agent infectieux, ont été pratiquement exterminés et les tiques ont dû s’adapter en trouvant un autre hôte, les rongeurs sauvages… qui sont porteurs du germe.
La biodiversité est une nécessité vitale. A chaque fois qu’un élément, quel qu’il soit, de cette biodiversité est malmené par l’homme, la sanction est immédiate.
Le Coronavirus Covid-19 est le précurseur d’épidémies autrement plus destructrices pour l’espèce humaine, des dizaines d’autres virus « attendent » dans la nature et si le Covide-19 tue 1 à 2% des personnes infectées ce n’est pas le VIH encore moins Ebola. L’homme qui a asservi la nature au lieu de s’en faire une alliée a fortement perturbé l’équilibre de la nature. Lorsque l’on ne respecte pas la nature, elle se venge. Et ce n’est pas une vue de l’esprit.
Par Hassen Ksantini, In Réseau Saida Nature® « Think Global, Act Local », le 9 avril 2020
