Les enseignements de la pandémie du Covid-19
La nature reprend ses droits. Les animaux sauvages et d’élevage ne sont plus tués sur les étals des marchés asiatiques. Partout, l’homme ne chasse plus, ne tue plus pour le plaisir ou pour le commerce. Nous aurions aimé dire également que les bateaux japonais et islandais ne massacrent plus les baleines, les requins et les dauphins ; Que la banquise ne résonne plus des cris des bébés phoques qu’on tue sans pitié ; Que les éléphants et les rhinocéros d’Afrique ainsi que des dizaines d’autres espèces animales et végétales peuvent enfin vivre leur vie sans craindre ce prédateur impitoyable qui les décime pour satisfaire des besoins qui ne profitent qu’à très peu de gens.

Mais ne faisons pas la fine bouche, la planète revit enfin ! Les cieux de la terre n’ont jamais été aussi clairs, les eaux n’ont jamais été aussi limpides, la pollution atmosphérique a diminué de façon drastique et le chant des oiseaux porte aussi loin que porte le regard et même plus loin.
Une véritable histoire extraordinaire qui a commencé par le confinement des hommes et l’arrêt quasi total des échanges commerciaux internationaux. Ce répit donné à la planète s’est accompagné malheureusement de la perte de dizaines de milliers de vies humaines innocentes. Toutefois, ce prix exorbitant ne doit pas nous culpabiliser car, pour une fois, c’est l’homme qui est la victime d’un ennemi redoutable et invisible. Cette pandémie du Covid-19 a permis l’impensable, l’inimaginable, elle a montré sans aucune équivoque que l’activité humaine est responsable de tous les dérèglements bioclimatiques constatés sur la planète. Plus aucune polémique stérile à ce sujet.
L’OMS a déclaré que 4,6 millions de personnes mourait prématurément chaque année à cause de difficultés respiratoires liées à la pollution atmosphérique. Si seulement les médias traitaient la question des dérèglements climatiques et de la pollution atmosphérique comme une crise sanitaire majeure peut être que les conséquences sur la santé humaine auraient été moindres car cela aurait poussé les gouvernements à réagir sérieusement et à ne pas considérer la question comme une conséquence mineure et sans réel impact sur la santé humaine et l’environnement.

Cette pandémie a tout changé y compris l’air que nous respirons. D’après des scientifiques de l’université de Stanford, Californie, le seul confinement chinois a permis de sauver la vie de 77.000 personnes. En effet, l’arrêt quasi total des usines et de la circulation automobile a profondément impacté la qualité de l’air grâce à une très importante diminution de la pollution atmosphérique. Cela a été confirmé par l’imagerie satellite qui a montré la même chose en Italie et en Iran, l’air est plus propre.
La pandémie du Covid-19 a montré également sans l’ombre d’un doute, l’étroite relation entre l’économie et les dérèglements climatiques.
Désormais, il faudra trouver les moyens de conserver l’équilibre bioclimatique retrouvé. Entre la sérénité à laquelle a droit la nature et les besoins de l’homme en ressources naturelles, il doit y avoir un rapport d’équilibre en faveur de la nature. Quant aux activités humaines les plus polluantes (transports, élevages industrielles, agriculture conventionnelle, métallurgies, etc.), il est illusoire de prétendre que l’on puisse obliger les multinationales et les grandes entreprises à ramener leurs rejets à des niveaux acceptables : il faudra agir sur la demande, sur les débouchés, pour les contraindre et leur faire entendre raison. Plus que jamais, la notion de « Pollueur-Payeur » doit être appliquée sous la forme d’une « Taxe Carbone » réellement dissuasive. La transition écologique est plus que jamais d’actualité ainsi que l’abandon progressif et définitif des énergies fossiles par l’application effective de la transition énergétique.
Maintenant, nous savons tous que le combat pour la préservation de l’environnement vaut la peine d’être mené et soutenu. Il a suffi d’une (ré)action à l’échelle planétaire, confinement et arrêt des transports, pour qu’en quelques semaines apparaissent des résultats concrets en matière de dépollution de l’air.
Cette crise sanitaire mondiale a montré l’urgence de changements structuraux vers un système économique durable spécialement dans les pays industrialisés mais pas que, toutes les nations devront reconnaître cette urgence et agir en conséquence. La préservation des ressources naturelles de la terre est intimement liée à la préservation de l’environnement et par conséquent à celle de la biodiversité, toute la biodiversité y compris l’homme. Désormais le développement durable doit s’accompagner d’un système économique véritablement durable. Car si la majorité des nations ont accepté de réaliser les objectifs fixé par l’ONU en matière de développement durable (voir ce lien), nous ne pouvons pas dire que le système financier mondial qui gère le nerf de la guerre soit un modèle de « durabilité » et de respect des objectifs. Pour conclure cet article, disons simplement que l’après-Covid-19 devrait voir l’application stricte de la taxe carbone, la refondation de la relation salarié-employeur vers plus de considération et l‘investissement obligatoire dans les énergies renouvelables. C’est le minimum qu’on puisse demander aux nations développées qui pollue le plus et aux autres également.
Hassen Ksantini, In Réseau Saida Nature® « Think Global, Act Local« . Saida, le 19/04/2020