La chine est-elle le pays le plus écologique du monde?
Les énergies renouvelables
« Afin de remplir mon devoir solennel de protection de l’Amérique et de ses citoyens, les États-Unis se retireront de l’accord de Paris sur le climat », annonce Donald Trump le 1er juin dernier, depuis la roseraie de la Maison-Blanche à Washington. Aussitôt, à Pékin, le couperet tombe. « La Chine remplacera désormais les États-Unis », affirme le journal économique chinois Caixin. « Le premier pollueur du monde est maintenant la première puissance courtisée par tous pour lutter contre le réchauffement climatique ! » renchérit le South China Morning Post. Tout en soulignant que le premier producteur et consommateur de charbon du monde est en passe de devenir son leader en matière d’énergies renouvelables : « En 2016, la Chine y a investi 77 milliards d’euros, aucun autre pays n’a fait mieux. »

Crédits : Jialiang Gao
D’ici 2020, c’est 344 milliards d’euros que la Chine devrait investir dans le secteur, à en croire son agence de l’Énergie. Cela permettrait de créer 13 millions d’emplois et de porter la part des énergies non fossiles dans le mix énergétique de 12 à plus de 15 %. « Il faut toujours se méfier des effets d’annonce avec les dirigeants chinois, mais leur prise de conscience écologique est réelle », estime Matthieu Timmerman, auteur du livre Pourquoi Pékin nous enfume ? La question environnementale en Chine. « Ils sont enfin convaincus du fait que la question climatique les concerne, eux aussi », note de son côté Hervé Kempf, rédacteur en chef du site d’information consacré à l’environnement Reporterre. « Et ils ont compris qu’elle pouvait les aider à redorer leur blason à l’international. »
La Chine produit déjà 20 % de son électricité grâce aux énergies renouvelables. Entre 2005 et 2015, elle a assuré, à elle seule, plus d’un tiers de la croissance mondiale sur l’éolien. Elle a même détrôné l’Allemagne sur le solaire. Et c’est sur le site d’une ancienne mine de charbon de la province chinoise de l’Anhui que se trouve aujourd’hui le plus grand parc photovoltaïque flottant du monde : 160 000 panneaux solaires posés à la surface d’un lac pouvant générer 40 mégawatts (MW). Le pays dispose par ailleurs d’une installation flottante de 20 MW, ainsi que d’un immense parc photovoltaïque terrestre dans la province du Qinghai.
Cette province du nord-ouest du pays compte plus de 5,6 millions d’habitants, l’équivalent de la population de la Finlande ou du Danemark. Et pendant toute une semaine, du 17 au 23 juin derniers, sans interruption, elle a vécu uniquement grâce à des énergies renouvelables. En tout, 1,1 milliard de kilowatts-heure (kWh) d’électricité a été tirée du solaire, de l’éolien et de l’hydroélectrique – une quantité qui aurait nécessité la consommation de 535 000 tonnes de charbon. « Il s’agit du premier test de ce genre dans le pays, et c’est une étape majeure dans la transformation de notre approvisionnement énergétique », a déclaré le directeur de la compagnie d’électricité du Qinghai, Quan Shenming, lors d’une conférence de presse. « Elle sera d’une importance capitale pour promouvoir l’utilisation d’énergie propre en Chine d’une façon durable et efficace. »

Crédits : Arctech
En 2015, lors de la conférence de Paris qui a abouti à la conclusion de l’accord visant à limiter le réchauffement climatique à moins de 2°C, Pékin s’était engagée à « atteindre le pic de ses émissions de CO2 autour de 2030 ». En 2017, elle a suspendu la construction d’une centaine de centrales thermiques, et pour la troisième année consécutive, la consommation de charbon est en baisse. À ce rythme, Pékin espère pouvoir atteindre ses « objectifs climat » plus tôt que prévu. D’autant qu’elle mène également une ambitieuse politique de reforestation.
Par Camille Hamet, Journaliste à Ulyces, juillet 2017.