Le développement durable de Saida, Algérie
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Avant tout je tiens à remercier celles et ceux qui ont tenu à assister à ce « Jeudi du CAC » du 7 décembre 2017 consacré à l’environnement et au développement durable. Merci également à celles et ceux qui diffusent autour d’eux nos modestes contributions à l’éducation environnementale, au développement durable et à la promotion de l’agroécologie.
Aujourd’hui, nous nous sommes intéressés à l’environnement et au développement durable. Nous avons également dit comment cette problématique est prise en charge à Saida.
Notre action s’inscrit dans le cadre du programme EEDD. C’est un travail d’éducation à l’environnement et au développement durable de l’association Réseau Saida Nature®.
Mais d’abord définissons ce qu’est l’éducation à l’environnement et au développement durable, l’EEDD. La juste définition des concepts dont nous parlons est essentielle pour une meilleure compréhension des choses.
L’EEDD est une éducation dont le but est de sensibiliser l’ensemble des citoyens à la problématique de la préservation de l’environnement dans le cadre du développement durable pour modifier leurs comportements et pour les responsabiliser. L’éducation des jeunes enfants consiste à les former en tant que futurs citoyens éco-responsables soucieux du développement équilibré et harmonieux de leur lieu de vie.
Mais cela n’est pas tout. Car à quoi sert d’éduquer les citoyens si les industriels, public ou privés, si les pouvoirs publics à travers leurs programmes de développement ne respectent pas l’environnement, si l’agriculture et l’élevage intensifs y déversent des milliers de tonnes d’intrants chimiques ? Comment développer une agglomération, une région, un pays sans mettre en danger l’environnement et sans compromettre les capacités des futures générations à répondre à leurs besoins ? C’est ainsi qu’est née la notion de développement durable intimement associée à la préservation de l’environnement.
Le coup d’envoi de l’éducation à l’environnement a été donné par la conférence des Nations Unies de Stockholm en juin 1972, vingt ans après lors du sommet de Rio de Janeiro en 1992, la prise de conscience des réels dangers qui menacent la planète a été réelle et depuis, sous l’égide de l’ONU, on ne compte plus les rencontres, les conférences et les forums qui sont organisés à travers le monde.
L’Algérie est partie prenantes de toutes les conférences internationales sur l’environnement et le développement durable. Notre pays a participé activement à l’élaboration des textes qui régissent cette problématique. Le parlement après avoir ratifié les principaux textes, a voté toute une série de lois extrêmement importantes dans les domaines de la protection de l’environnement et la promotion et l’application effective du développement durable.
Ce que chaque citoyen devrait savoir, c’est que l’Algérie a construit sa politique de développement autour de deux grandes références plébiscitées par quasiment tous les membres de la communauté internationale : l’OMD et l’ODD. En termes plus intelligibles, Les Objectifs du Millénaire pour le Développement et les Objectifs de Développement Durable. Et cela lui a permis de s’engager pleinement dans la mise en œuvre de l’Agenda 2030. En effet, les résultats obtenus depuis l’an 2000 sont encourageant et il est intelligent de vouloir les consolider par l’élaboration de politiques et de stratégies nationales dont le socle commun est : « Le développement humain et social et la garantie d’une vie décente à tous les citoyens » comme le déclarait le représentant de l’Algérie à New York, USA en juillet 2016 lors du « Forum politique de haut niveau pour le développement durable ».
Il est important de rappeler ces données afin de mieux comprendre comment le plan d’action du gouvernement 2014 – 2019 arrive à concilier la satisfaction des besoins fondamentaux de la population en termes d’infrastructures de bases, d’emploi, de logements décents et accessibles, de nourriture, d’accès à l’eau potable, aux soins et, bien sûr, aux TIC. Un chiffre permet de se rendre compte des efforts réalisés : l’Algérie a pu quasiment éradiquer l’extrême pauvreté dont le taux est passé de 1,98 % en 1998 à 0,98 % récemment. Quant à l’espérance de vie à la naissance, elle est passée à 77 ans ces deux dernières années, ce qui est le meilleur des indices de développement d’un pays et qui place notre pays à la première place en Afrique.
Bien sûr que nous pouvons être fiers de notre pays bien que beaucoup de choses restent à faire et à parfaire. Rien n’est jamais acquis comme vous le savez et il est impératif de rester concentré pour relever les défis surtout en matière de création d’emploi stables et d’adaptation au changement climatique et aux effets de la pollution sous toutes ses formes.
Le concept de développement durable (DD) comporte trois volets indissociables les uns des autres : le développement social, le développement économique et la préservation de l’environnement.
Sachant que beaucoup de pays ont du mal à réussir l’application effective d’un seul des trois piliers du DD, alors demander à un pays comme l’Algérie de réussir à « développer durablement » un territoire grand comme cinq fois la France avec des moyens financier cinq fois moindres cela est peu banal. Et pourtant, c’est ce qui a été demandé à notre pays et c’est ce à quoi s’est attelé le gouvernement algérien jusqu’à présent. Mais ce gouvernement a tellement mal communiqué, tellement ignoré le citoyen, que ce dernier n’ayant pas du tout compris les enjeux phénoménaux de la stratégie mise en place, n’ayant pas du tout été associé à la mise en œuvre effective qu’il s’en est désolidarisé alors qu’il en est le principal bénéficiaire. Encore un paradoxe algérien. C’est ce qui s’est passé un peu partout en Algérie et Saida n’est pas en reste.
Saida a bénéficié de certaines réalisations dans le cadre des différents plans d’action de développement mis en place par le gouvernement algérien depuis l’année 2000 dans le cadre des OMD et des ODD:
1 – Un important programme de construction de logements accessibles économiquement et dotés de tous le confort qui a définitivement supprimé les bidonvilles de notre espace public.
2 – Une centrale photovoltaïque de 30 MW
3 – Trois centres techniques d’enfouissement ou CET, de décharge contrôlées.
4 – Les pouvoirs publics favorisent la création de petites unités de tri et de recyclage des déchets ménagers
5 – Un plan de mobilisation et d’utilisation de ressources d’eau potable qui a pratiquement réglé les épineux problèmes d’accès des ménages à l’eau courante sans interruption. De même le taux de connexion des habitants à des services d’assainissement de base qui a augmenté.
6 – Des stations de traitement d’eaux usées ont été réhabilitées ou construites. Les eaux usées épurées constituant une alternative pour l’irrigation agricole et le rechargement des nappes en situation de surexploitation.
7 – Saida a également bénéficié de la réhabilitation de l’oued Saida qui est utilisé comme déversoir des eaux pluviales et des eaux usées.
8 – Création ou réhabilitation d’espaces verts, de jardins, de forêt récréative et de parcs de loisirs pour la préservation de la santé des populations et le maintien des équilibres écologique et climatique. Notons que deux autres parcs de loisirs (Bordj à la sortie ouest de la ville et la forêt de Mekimen) ont été approuvés et leur réalisation sera lancée incessamment.
9 – L’état à travers Naftal encourage les conducteurs à passer au véhicule propre par diverses incitations fiscales (exonération de vignette) et financière (prise en charge d’une partie du prix de l’installation du GPL).
10 – Saida a eu sa part du développement social avec les programmes de création de micro-entreprises, de travaux d’utilité publique à haute intensité de main-d’œuvre les fameux TUP-HIMO, le programme Blanche Algérie qui intègrent les principes du développement durable, la protection des ressources naturelles et l’amélioration du cadre de vie de la population, les différents programmes en direction du monde rural, de la femme rurale surtout.
11 – Saida possède une importante couverture forestière, une importante zone steppique et pré-saharienne qui ont bénéficié de programmes adéquats dans le cadre du développement rural ou plus exactement le renouveau rural par l’extension et la protection du patrimoine forestier, la lutte contre la désertification et la conservation des écosystèmes naturels.
12 – Saida a la chance de posséder une zone humide classée, le Chott Chergui à Ain Skhouna, qui a bénéficié d’actions concrètes de préservation de la biodiversité.
13 – Développement du transport ferroviaire en tant que vecteur de développement, de croissance et de modernité mais aussi en tant que moyen de transport non polluant.
14 – Amélioration globale du cadre de vie des citoyens par des opérations de nettoyage, d’assainissement, de protection de la faune, de la flore, du patrimoine, etc.
15 – Le secteur agricole a bénéficié d’un accompagnement quantitatif et qualitatif jamais réalisé depuis l’indépendance. Le visage de la campagne a complètement changé : mécanisation, irrigation, augmentation des rendements, bref nos heureux fellahs devraient inonder le marché avec des produits agricoles accessibles mais les prix s’envolent, paradoxalement. Mais c’est un autre sujet.
D’autres secteurs très importants sont concernés : la santé, l’éducation, le tourisme, le sport, etc.
Et pourtant, malgré toutes ces réalisations, au café du coin on entend le sempiternel « Ils n’ont rien fait ! ». Autre paradoxe algérien.
Des insuffisances, il y en a. Des erreurs de gestion, d’appréciation, il y en a. Des actes malveillants s’apparentant plus à de la délinquance qu’à une volonté politique de nuire au pays, il y en a. Et puisque le paradoxe algérien a la peau dure, ON préfère pointer ce qui ne va pas plutôt que de mettre en valeur les réussites et Dieu sait s’il y en a de belles ! Le citoyen s’acharnerait-il à détruire symboliquement ou réellement ce que l’état construit ?
Si notre gouvernement, si les ministères concernés et les associations satellites savaient communiquer, la population aurait sûrement participé activement à l’identification et à la réalisation de toutes les étapes du Développement durable de l’Algérie et aurait adhéré positivement ce qui aurait changé la perception à leur juste valeur des efforts considérables qui ont été faits. Nous devons appeler à un changement dans la gouvernance et dans la gestion des questions de préservation de l’environnement et du développement durable. La participation citoyenne n’est-elle pas également un des objectifs du développement durable ? La bonne gouvernance n’est-elle pas un objectif du développement durable ?
J’ai étonné plus d’un en déclarant que le programme « Blanche Algérie » faisait partie d’une stratégie globale de développement durable et non pas, comme le pense 99% des citoyens de la ville, d’une vulgaire opération d’achat de paix sociale par un « régime aux abois ». Et même si c’était le cas, la fin ne justifierait-elle plus les moyens ? Oui, le gouvernement et ses institutions communiquent très mal en direction des citoyens. Et c’est très curieux, surtout si on sait le grand nombre de compétences au niveau de nos institutions, compétences que nous envient beaucoup de pays. Ce n’est certainement pas le seul paradoxe spécifique à notre pays.
Au cours du débat, le concept de l’environnement a été très vite réduit à la saleté de certaines rues et au ramassage des ordures… Bien sûr que c’est important d’en parler pour des citadins, mais la préservation de l’environnement ce n’est pas SEULEMENT cela. Notre environnement (urbain, rural, montagne, désert, steppe, rivières, etc.) celui de notre ville, de notre pays, de notre planète, est agressé par divers facteurs : la pollution sous toutes ses formes, les produits chimiques, les rejets industriels, le bruit, les rudes conditions climatiques, les dégradations humaines, etc. Pourquoi le citoyen algérien en général ne se sent pas concerné par tout cela ? Pourquoi le réchauffement climatique, par exemple, ne figure pas dans ses premières préoccupations ? Est-ce par manque d’information, donc par ignorance ? Est-ce par négligence ? Est-ce par fatalisme ? Qui peut nous expliquer sérieusement ce manque d’intérêt quasiment généralisé chez nous pour l’un des problèmes majeurs de notre époque ?
Les 8 objectifs du millénaire pour le développement (OMD) ont tous été atteints par l’Algérie qui a décidé de continuer sur sa lancée en mettant en œuvre un plan de développement durable 2015 – 2019 qui est en cours de réalisation dans le cadre des objectifs du développement durable (ODD). Le rapport présenté par notre pays aux instances de l’ONU a été validé par différentes agences onusiennes dont le PNUD n’est pas un des moindres.
En conclusion, dans le cadre global du développement durable dans lequel notre pays est engagé depuis trois décennies, Saida a eu une première part de développement social, économique et environnemental. Bien sûr tout n’est pas parfait mais l’essentiel est là, Saida a fait un bond qualitatif certain en matière de développement durable au bénéfice de sa population même si sur le plan économique cela n’a pas été brillant avec une quasi absence de grands investissement créateurs d’emploi au cours de cette période. Et la gravité de cette situation réside dans le fait que cela pourrait compromettre le bénéfice de tout ce qui a été réalisé.
Les jeunes Saidéens qui sont au chômage, surtout celles et ceux qui ont obtenus leurs diplômes universitaires, ces jeunes qui ne demandent qu’à participer au développement de leur pays ne peuvent certainement pas apprécier à leur juste valeur les efforts consentis. Pour eux, pour leurs parents, pour les citoyens concernés, la préservation de l’environnement et le développement durable resteront peut être des concepts sans réelle signification, même s’ils savent au fond d’eux-mêmes que cela répond à de réels besoins et que leur pays s’y engage concrètement.
Nous sommes optimistes quant au développement de Saida car nous entrevoyons des solutions en matière d’investissement dans les domaines du tourisme durable, des loisirs, de l’artisanat, de l’agriculture écologique, de l’industrie de transformation, etc. L’université de Saida a décidé semble-t-il de relever le défi de l’innovation et de l’économie du savoir en s’impliquant dans la réalisation concrète de projets portés par de jeunes Saïdéens, filles et garçons. Le temps des lamentations est terminé. Voici venu le temps de l’action. Nous y reviendrons.
Président de Réseau Saida Nature®
Le 07 décembre 2017.